Page:Delambre - Histoire de l'astronomie moderne, tome 1, 1821.djvu/694

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6o8 ASTRONOMIE MODERNE. contre Cléanlhe de Samos, pour avoir déplacé le foyer du monde, et pour avoir essayé d’expliquer les phénomènes, en supposant que le ciel demeurant immobile, la Terre circulait dans l’écliplique, et tournait en même lems autour de son axe. » Cleanlhe serait donc le premier auteur du système de Copernic; il aurait tâché d’expliquer les phénomènes {prufxxo) , par le double mou- vement de la Terre. Celle idée devait être nouvelle au moins chez les Grecs, puisqu’elle y fait une telle sensation, qu’Aristarque pense que les Grecs devraieut faire le procès à l’auteur de celte supposition. Cléanlhe était de Samos; Aristarque, dont il nous reste un livre sur les grandeurs et les dislances du Soleil el de la Lune, était également de Samos. Mais cet Aristarque est-il celui qui oulait que les Grecs fissent le procès à Cléanlhe? En ce cas, que deviendrait le témoignage d’Ar- chimède, qui nous dit qu’Aristarque de Samos a écrit en forme, pour prouver le mouvement annuel de la Terre. Archimède s’étail-il trompé en nommant Aristarque au lieu de Cléanlhe? Nous avons déjà remarqué qu’Aristarque, dans son livre des grandeurs et des distances, ne dit rien qui puisse faire croire qu’il admet le mouvement de la Terre. Aristarque, le critique, était de Samolhrace; Plutarque a-l-il mis par inadvertance Samos au lieu de Samothrace ; ou bien le passage de Plutarque serait-il altéré ? faudrait-il lire, comme Cléanlhe croyait que les Grecs auraient dû mettre en jugement Aristarque de Samos, etc. Enfin, y aurait-il un troisième Aristarque qui nous serait inconnu? c’est ce que nous aban- donnons à la discussion des savans; mais il en résultera toujours qu’un philosophe de Samos (soit Cléanlhe, soit Aristarque) a voulu expliquer les phénomènes par le mouvement de la Terre. Il est seulement à re- gretter qu’aucun grec ne nous ait transmis ces explications. Existai l— il alors aucun phénomène qu’on ne parvint à expliquer dans le système ancien? Apollonius avait donné le calcul des stations et des rétrogra- dations, l’aberration des étoiles n’était pas même soupçonnée, non plus que l’existence des satellites de Jupiter et l’équation de la lumière ; on n’avait point de pendules, on ignorait la nécessité de les raccourcir à mesure qu’on approche de l’équateur; on n’avail donc rien qui prouvât invinciblement le mouvement de la Terre, et rien qu’on ne pût expliquer dans le système d’immobilité; on n’avait aucune idée de la loi de la pesanteur; on sinquiétait peu des causes physiques, on n’en cherchait que de mécaniques, et l’on se contentait des sphères solides emboîtées les unes dans les aulres, pour se communiquer le mouvement.