GALILÉE. 6 2 5 ou l’autre nœud. La période annuelle des de’clinaisons du Soleil appor- tera aussi des variations analogues dans les limites de la partie éclairée. D’après ces idées je me mis, dit Galilée, à observer si je remarquerais quelque changement dans les taches. La nature me fut en cela très favo- rable, car la Lune étant à l’orient, on y voit une tache séparée des autres, de figure ovale et très voisine du bord; elle est visible à l’œiliui. A l’op- posite on en voit deux, placées comme des isles, dans un champ assez vasle et assez luisant, mais leur petitesse les dérobe à la vue simple, quoiqu’elles soient du genre de celles qu’on voit sans lunette. En les ob- servant, j’y ai remarqué les changemens exposés ci-dessus , avec une telle évidence, que l’intervalle entre la tache et le bord , qui rivalise en largeur avec la tache (il paraît qu’il parle de la laclve Grimaldi), se trouvait réduit à la dixième partie de la tache. Les taches opposées manifestaient des changemens analogues, c’est-à-dire, contraires; et comme le cercle qui passe par ces taches opposées est dans une position moyenne entre ceux qui vont du levant au couchant et du sud au nord , les mêmes taches sont propres à manifester les effets de la période diurne et ceux de la période menstruelle. Il est à remarquer que si le déplacement des taches voisines du bord est, par exemple, de deux ou trois parties, celui des taches placées vers le centre sera beaucoup plus sensible encore , c’est-à- dire de 20 à -j5 parties; enfin, ces mouvemens sont si sensibles , qu’il n’y a pas de doute que, par des observations très exactes et très soignées, on n’en puisse déterminer les véritables quantités. Je voulais continuer ces observations , j’en ai été empêché par une fluxion sur les yeux qui m’a interdit l’usage de la lunette; et celte fluxion s’est terminée il y a deux mois par une cécité totale causée par des cataractes ; j’en suis d’autant s plus fâché qu’il est fort à craindre que d’autres s’emparent de ces pre- mières idées et ne s’en déclarent les auteurs, comme il est arrivé pour les taches solaires , pour lesquelles Scheiner a eu l’impudence de s’attri- buer la priorité; mais, comptant sur l’inadvertence de ses lecteurs, il s’est attribué certaines conjectures que le tems a depuis vérifiées, et qu’il ose dire bien plus justes que les miennes, comme s’il n’avait pas fait im- primer, sous le faux nom d’Apelle, trois lettres pleines d’ignorance et de bévues, après en avoir lu trois des miennes où se trouvaient les mêmes conjectures bien plus justes. A l’appui de ces assertions, il cite le témoignage du P. Adam Tanner, oui professait à Ingolstadt dans le même collège que Scheiner; il cile aussi, mais sans le nommer, un autre jésuite Hist. de l’Astr. mod. T. I. 79
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