Page:Delambre - Histoire de l'astronomie moderne, tome 1, 1821.djvu/713

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GALILÉE. 627 venions propres et des mouvemens réguliers, comme le pr’tend l’auteur des lettres; seulement, il croit que le mouvement est d’occident en orient et du sud vers le nord, et non d’orient en occident et du nord au sud, comme le dit Apelle : le mouvement de ces taches est tout pareil à ceux de Vénus et de Mercure vers leurs conjonctions inférieures. Le défaut de parallaxe prouve que ces taches ne sont pas placées entre la Terre et le Soleil, à une grande dislance du Soleil ; mais il ne voit aucune raison pour croire avec Scheiner qu’elles ne sont pas adhérentes au corps du Soleil. Scheiner disait encore que les taches du Soleil sont plus noires que celles de la Lune. Galilée croit qu’elles peuvent être plus brillantes que les parties les plus lumineuses de la Lune. La raison qu’il en donne pourrait n’être pas très bonne; c’est, dit-il, que la Lune et Vénus même sont invisibles auprès du Soleil, et que les taches se voient sur le disque même, malgré tout l’éclat du Soleil. (Mercure et Vénus, dans leurs passages, ne sont certainement pas lumineux; on les voit très bien ce- pendant, ou plutôt on ne voit pas la partie du Soleil qu’ils couvrent; et c’est ainsi qu’on voit les taches, qui n’ont pas l’air d’être lumineuses.) Scheiner croit que par le même moyen on pourra déterminer si Mercure et Vénus tournent autour du Soleil ; il n’a donc aucune connaissance des phases de Vénus annoncées par Galilée depuis plus de deux ans,- non- plus que des variations du diamètre. Il croit encore que Vénus sur le Soleil paraîtrait comme une grande tache, parce qu’il lui suppose un, diamètre de 3’. Galilée prétend au contraire, qu’à l’époque dont parle Apélle, le diamètre n’était pas de 10". Galilée donne ensuite les dessins de taches observées le 5 avril dernier, le 21 , le 26, le 3o du même mois et le 5 mai. Il soutient que le nom d’étoiles ne peut convenir à ces taches; elles peuvent bien revenir dans les révolutions suivantes, mais elles ne reviennent pas exactement les mêmes. Scheiner parait croire que les satellites de Jupiter ne sont pas seule- ment au nombre de quatre. Galilée n’ose rien affirmer, sinon que jamais il n’en a vu davantage. Pour en revenir aux taches, il croit qu’elles se forment à la surface du Soleil, qu’elles se dissipent et peuvent reparaître. Sa théorie, quoique incertaine encore, parait plus saine et mieux arrêtée que celle de Scheiner; mais jusqu’ici il ne rapporte aucune observation de l’année 161 1, et l’on serait tenté de croire qu’il peut bien les avoir vues six mois avant Scheiner, sans les observer d’une manière un peu précise, et qu’avant de répondre à Velseri, il aura voulu faire les obser-