Page:Delambre - Histoire de l'astronomie moderne, tome 1, 1821.djvu/726

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64o ASTRONOMIE MODERNE. couvrir et découvrir leur lumière aux yeux de leur compagnon, de ma- nière que l'un, dès qu'il voit la lumière de l'autre, de'couvre aussitôt la sienne; quand ils seront suffisamment exercés, ils s'éloigneront de deux ou trois milles, et répéteront l'expérience en notant l'intervalle écoulé entre l'instant où ils auront découvert leur lumière et celui où ils auront aperçu celle de leur compagnon. Si deux ou trois milles ne donnent pas d'intervalle sensible, ils s'éloigneront à la distance de huit ou dix milles, et ils se serviront du télescope. » Sagrcdo trouve l'idée ingénieuse et demande quel en a été le succès. Galilée, sous la personne de Salviati, répond qu'il ne l'a tentée qu'à une distance qui n'était pas d'un mille, qu'il n'en peut rien conclure, sinon que la transmission est très rapide; mais il ne la croit pas instan- tanée. A cet égard Galilée avait été plus loin que Descartes n'a fait depuis; il proposait des dislances plus grandes et l'emploi du télescope; il arrivait aussi, quoique par hazard, à une conclusion plus vraie; mais Descartes avait un système duquel résultait la transmission instantanée; et nous verrons que Descartes fit à ce sujet une remarque qui a conduit à une conclusion toute opposée à celle qu'il tirait lui-même. Ainsi Descartes aurait contribué plus que Galilée à la découverte importante du tems que la lumière emploie à franchir un intervalle donné. {Voyez tome sui- vant, les articles de Descartes et de Cassini.) Les lunettes et les pendules ont changé la face de l'Astronomie; ces deux inventions sont dues originairement à Galilée; il est vrai qu'entre ses mains elles étaient encore loin de ce qu'elles sont devenues pour être si éminemment utiles; mais les premiers inventeurs ont des droits que rien ne peut prescrire. La lunette de Galilée, malgré sa faiblesse, a rendu d'importans services à l'Astronomie; les phases de Vénus, la ro- tation du Soleil et les satellites de Jupiter, ont agrandi nos idées, ont fourni de puissans argumcns en faveur de Copernic. Son pendule était une .belle découverte en Mécanique; il était difficile de prévoir la révo- lution qu'il ferait en Astronomie; Galilée lui-même n'en avait qu'une idée imparfaite, on n'eu voit rien dans ses ouvrages; on prétend néan- moins qu'il en espérait une mesure exacte du tems, qu'il l'avait appliqué à une horloge pour observer les éclipses des satellites et déterminer les longitudes; mais il faut l'avouer, ces prétentions sont loin d'être bien prouvées. Nous recueillerons ce qui pourrait les appuyer.