Page:Delambre - Histoire de l'astronomie moderne, tome 1, 1821.djvu/731

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GALILÉE. 645 qu'il altribue au ciel. Il repousse avec abomination l'idée de regarder comme une imperfection la faculté reconnue à la Terre d'engendrer et de produire. C'est là , selon lui, ce qu'elle a de plus noble et de plus ad- mirable. Si elle n'était sujette à aucune mutation, que serait-elle? qu'une solitude vaste et sablonneuse, une masse inerte et inutile, dont l'exi- stence serait une chose tout-à-fait indifférente. Il en dit autant de la Lune et des autres planètes. Le reste du dialogue traite de la manière dont la Lune est éclairée et réfléchit la lumière. On n'y voit rien de neuf ou de remarquable. Le second commence à peu près de même, mais on y agite bientôt la question du mouvement de la Terre. Si ce mouvement existe, il doit nous être absolument insensible, et tout doit nous paraître tourner au- tour de nous. Nous pourrions nous croire en repos si un seul, ou plu- sieurs corps seulement, paraissaient tourner; mais s'ils tournent tous sans exception? Il est donc possible que la Terre tourne comme les autres; les phénomènes seront les mêmes dans Tune et l'autre supposition; mais la nature opère toujours par les moyens les plus simples; or, il est bien plus simple d'expliquer le mouvement diurne par la rotation de la Terre, qu'en faisant tourner autour d'elle, avec une vitesse inconcevable, tant de masses énormes, en comparaison desquelles elle n'est presque rien. Tout cela avait été dit; mais voici une idée plus neuve : Olez la Terre du monde , à quoi serviraient tous ces mouvemens? Ajoutez que le mou- vement général de tous les corps est en sens contraire de tous les mou- vemens propres. Faites tourner la Terre sur son axe, tous les mouvemens se feront du même côté. Je ne sais si celte raison est bien bonne, s'il est bien vrai que tous les mouvemens célestes soient dans le même sens, et si les comètes rétrogrades ne feraient pas une exception. Ajoutons que l'ordre doit exiger que les révolutions soient d'autant plus lentes, que les cercles sont plus grands. Ainsi Saturne est la plus lente des planètes; Jupiter vient ensuite, puis Mars, et ainsi des autres, lia même chose se remarque dans les satellites de Jupiter. C'était ici le lieu de faire valoir la troisième loi deKépler. Képler fait tous ces mêmes raisonnemens, et les rend bien plus forts; on ne conçoit pas comment Galilée peut négliger un si grand avantage. Si nous supposons la Terre immobile, il faudra, après avoir remonté, par ordre, de la Lune à Saturne, passer d'un mouvemen de 3o ans à un mouvement de 24 heures. Ce raisonnement n'est pas bien juste. Simplicius aurait pu répondre