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GALILÉE. 651

de leurs orbites. Mais comment l'œil était-il si singulièrement abusé sur les disques des planètes? Galilée rappelle ici les idées d'irradiation qu'il a exposées dans le Saggiatore , alors Sagredo s'écrie : O Nicolas Copernic ! quelle eût été la satisfaction, s'il t'eût été donné de jouir de ces nouvelles expériences qui confirment si pleinement tes idées ? Oui, reprend Galilée, mais sa gloire en eût été moins grande, il eût perdu le mérite de cette constance, de celle intrépidité avec laquelle il a osé avancer et soutenir un arrangement qui offrait encore tant de difficultés. La découverte des satellites a dissipé celle qui naissait du mouvement particulier de la Lune. Il y a de l'adresse à charger ainsi Simplicius de présider lui-même à un arrangement si contraire aux principes qu'il professe; il y en a trop peut-être dans la tournure de rhéteur avec laquelle Galilée expose ensuite des difficultés qui n'existent plus. Ce paragraphe est plus pour Galilée que pour Copernic; on ne blâmera pas Galilée de se rendre une justice que ses contemporains lui refusaient. Mais encore un coup, pourquoi Képler n'est-il pas une fois nommé ? Pourquoi ne voit-on pas la moindre mention de cette loi si belle qui lie tout le système planétaire, qui en détermine les proportions , et qui fournit un argument si fort contre Ptolémée et même contre Tycho ?

Simplicius convient de la force de ces raisonnemens, il confesse qu'il faut supposer qu'Aristote et Ptolémée les ont ignorés, ou qu'ils avaient eu de bonnes raisons à opposer. Galilée répond que les astronomes ne se sont jamais embarrassés que de sauver les apparences, de trouver les moyens de calculer les mouvemens observés, sans s'inquiéter de l'arrangement des corps célestes. Copernic lui-même, après avoir exposé son système, s'est borné à montrer qu'on pouvait y adapter toutes les hypothèses de Ptolémée sur les mouvemens des planètes et des étoiles. N'était-ce pas encore le lieu de citer Képler dont la conduite a été si différente, qui, non content d'appuyer de tout son pouvoir l'arrangement de Copernic, avait voulu rendre raison de tout, et avait été conduit à changer la figure des orbites, à leur donner pour foyer commun le centre du Soleil, à trouver la loi des aires, la véritable position des nœuds et la vraie théorie des latitudes ?

Simplicius demande si les irrégularités qu'on aperçoit dans les hypothèses de Ptolémée, ne sont pas grossies dans celui de Copernic ? Salviator répond que toutes les maladies sont dans le système de Ptolémée et les remèdes dans celui de Copernic. Il montre en effet la supériorité des hypothèses de Copernic sur celles de Ptolémée ; mais quelle justesse