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652 ASTRONOMIE MODERNE.

et quelle force n’aurait-il pas données à son assertion hasardée, s’il eût dit que ces remèdes étaient en effet dans le système de Copernic, et qu’ils ont été mis au jour par Képler ! S’il eût fait pour les découvertes d’un contemporain ce qu’il a fait pour ses propres découvertes, qui ont bien levé quelques difficultés, en écartant quelques objections dont ni aurait fini par se moquer, tandis que les idées de Képler ont amélioré l’essence du système, en faisant disparaître tous ces excentriques et tous ces épicycles, enfin en posant les véritables fondemens de l’Astronomie planétaire ! Il est vraiment inconcevable que Galilée en aucun endroit ne fasse la moindre mention de ces découvertes bien plus difficiles qui ont enfin conduit Newton à dévoiler la cause générale qui est l’âme de ce mécanisme établi pour la première fois par Képler. Galilée n’était-il pas assez riche pour rendre quelque justice à celui qu’il salue si chèrement dans une occasion où il lui annonçait une de ses découvertes qu’il croyait propre à le faire valoir lui-même auprès de tous les coperniciens ?

Il explique par une figure les stations et les rétrogradations, comme a fait Copernic ; la rotation de la Terre est devenue plus facile à comprendre, depuis qu’on a vu par les taches que le Soleil lui-même n’est pas exempt d’un mouvement semblable. Il ne perd pas cette occasion de revendiquer pour lui cette découverte. Il prétend les avoir aperçues pour la première fois en 1610, lorsqu’il était encore professeur à Padoue ; qu’il en a parlé dans cette ville et à Venise, à plusieurs personnes encore vivantes ; qu’en l’année 1611, il les a montrées à Rome à des magnats. Il a été le premier à soutenir et prouver contre Aristote, que les corps célestes ne jouissaient pas de cette inaltérabilité dont il les avait doués si gratuitement. Il affirme que ces taches se formaient et se dissipaient à la surface du Soleil ; qu’elles tournaient avec lui autour de son axe, dans l’espace d’un mois environ. Il avait cru d’abord que l’axe de ce mouvement était l’axe de l’écliptique même, parce que la route des taches paraissait rectiligne et parallèle à ce plan ; il les comparait à des nuages qui tourneraient dans des cercles parallèles à l’équateur du Soleil, et qui pourraient recevoir des vents quelques mouvemens irréguliers qui se combineraient avec le mouvement général qui en paraîtrait seulement un peu altéré. (On voit que malgré la suite d’observations dont il parle, il était assez peu avancé dans la théorie de cette rotation.) Il arriva que Velserus lui transmit les lettres d’un de ses amis (Scheiner) pour lui en demander son sentiment. S’il ne donna pas dans sa réponse à Velserus tous les renseignemens que pourrait désirer la curiosité humaine,