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GALILÉE. 653

et s’il fut obligé, par d’autres occupations, d’interrompre les observations suivies de ces taches, et s’il n’en a fait que quelques observations isolées de tems en tems, pour satisfaire la curiosité de ses amis, du moins quelques années après ayant remarqué sur le Soleil une tache isolée assez grande et assez dense, il l’avait suivie exactement pendant tout le tems de son passage, en marquant soigneusement sur un carton le lieu de la tache à l’instant du midi. Il vit alors que la route était curviligne, et forma la résolution de faire de tems à autre de semblables observations ; il vit dès-lors que le mouvement devait s’opérer autour d’un axe incliné à l’écliptique et qui conservait invariablement la même position et sa direction aux deux mêmes points du ciel. Si la Terre, par son mouvement annuel, décrit l’écliptique dont le Soleil occupe le centre, alors la combinaison de ces mouvemens de la tache autour de son axe incliné et de la Terre autour de l’axe de l’écliptique, devait produire ces différences dans le mouvement apparent qui sera tantôt rectiligne, ce qui n’arrivera que deux fois dans l’année, tandis que le reste du tems il sera courbe. Pendant une moitié de l’année , cette inclinaison sera dans un sens, et ensuite dans un autre, pendant l’autre moitié, l’inclinaison, la plus grande ayant lieu quand la route est rectiligne, au lieu qu’à 90° de la courbure elle sera sensible plus que jamais. Galilée démontrait tout cela sur une sphère, en y employant des compas d’un genre particulier (ce sont probablement de ces compas qu’on appelle sphériques et dont les pointes sont recourbées. ) L’événement répondit exactement aux prédictions faites d’après cette théorie.

On peut dire que tout cela peut être vrai, mais Galilée ne l’imprime que deux ans après la publication de la Rose Ursine de Scheiner, qui est cet Apelle dont il se plaint en divers endroits avec amertume. On peut dire enfin que même dans cette notice tardive, il ne donne pas même à peu près l’inclinaison de l’équateur solaire, ni la position de ses nœuds, ni le tems de la route rectiligne ou sphérique. Enfin il est peut-être étonnant qu’il n’ait pas donné une solution géométrique du problème de la rotation.

Simplicius objecte que ces mouvemens divers peuvent s’expliquer dans l’hypothèse de Copernic, mais qu’ils s’expliqueraient de même dans l'hypothèse contraire, et par conséquent ne prouvent rien, quoique infiniment curieux.

Galilée ne répond pas d’une manière bien nette à cet argument pour lequel les découvertes de Képler lui auraient été d’un grand secours. Il