Page:Delambre - Histoire de l'astronomie moderne, tome 1, 1821.djvu/780

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

c v i astronomie moderne. à la foire, qu’on avait imaginé un instrument qui grossissait et rappro- chait les objets. Il voulut se procurer une de ces lunettes; le belge y meîîant un trop haut prix, le marché ne fut pas conclu. Mais de retour à Onolzbach Fuchs en parla à Marius, et lui dit que l’instrument avait deux verres, l’un concave et l’autre convexe, dont il lui dessina même la ligure. Marius ayant donc assemblé des verres de cette forme, s’assura jusqu’à un certain point de la possibilité de ce qu’on racontait, mais sou oculaire était trop convexe; il en demanda un autre aux opticiens de Nuremberg qui, faute d’instrumens, ne purent lui fournir ce qu’il désirait. L’été suivant ( 1609), Fuchs reçut de la Belgique une lunette assez bonne, dont il se servit dès-lors avec Marius, pour examiner le ciel. Celte année 1609 est précisément celle où nous avons vu que Galilée avait, pour la première fois, entendu parler de la lunette belge; on ne nous a pas dit le mois; nous voyons ici que Fuchs reçut la sienne en été. On pourrait croire que dès l’an 1608 on en vendait à la foire de Francfort, mais en petit nombre probablement, puisque le prix en dégoûte le gé- néral, grand amateur des Mathématiques. Vers la fin de novembre 1609, Marius considérant les astres à son or- dinaire, aperçut pour la première fois auprès de Jupiter acronyque , de petites étoiles qui tantôt précédaient la planète et tantôt la suivaient. II les prit d’abord pour des étoiles lélescopiques telles qu’il en avait vues dans la voie lactée, dans les Hyades, les Pléiades et dans Orion. Mais Jupiter était rétrograde, et ces étoiles ne s’en séparaient pas; Marius les ayant suivies pendant le mois de décembre, en vint à croire que ces étoiles étaient de petites planètes qui circulaient autour de Jupiter, comme les planètes connues circulent autour du Soleil. Il commença donc à écrire ses observations, le 29 décembre 1609 vieux style ( ou le 8 janvier 1610 nouveau style ). Trois de ces étoiles étaient alors en ligne droite à l’occident de Jupiter. Il faut se souvenir que cette première ob- servation de Marius est la seconde de celles de Galilée. Le hasard serait singulier, mais il n’est pas absolument impossible. Alors Fuchs reçut de Venise deux verres bien polis, l’un convexe et l’autre concave, tra- vaillés par J. B. Leuccius, nouvellement revenu de Belgique où il avait vu de ces lunettes. Ces verres étaient placés dans un tube de bois. Fuchs confia cét instrument à Marius, pour qu’il continuât d’observer Jupiter. Marius s’en servit assidûment jusqu’au (~) janvier 1610; il reconnut que les satellites étaient au nombre quatre; vers la fin de février et le commencement de mars ( c’est-à-dire vers le 10 mars), il ne lui resta plus aucun doute sur ce nombre.