Page:Delambre - Histoire de l'astronomie moderne, tome 1, 1821.djvu/784

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Cnj8 ASTRONOMIE MODERNE. jamais rien vu de pareil; il ne leur trouve aucune figure terminée, ee qu’il regarde comme un argument très fort en faveur du système de Copernic, dans lequel re’norme distance des fixes empêche de reconnaître leur forme globuleuse. Mais cet argument tombe à présent qu’on trouve tin disque aux étoiles, et l’on sera par là porté à donner la préférence au système de Tycho ; j’accorderai facilement à Galilée , que les étoiles brillent d’une lumière propre. » Une quatrième remarque porte sur le Soleil. Si dans un temple ou dans un autre lieu obscur, l’image du Soleil, pénétrant par un trou, est reçue sur une muraille assez distante, le mouvement du rayon solaire ne paraîtra pas uniforme, mais tremblant, ondulant et sautillant. Marius essaya de placer une lentille à l’ouverture qui donnait entrée au Soleil dont il reçut l image sur un carton fixe; alors il vit distinctement l’image du disque avec toutes ses taches. Le rayon solaire lui parut avoir son triple mouvement, l’un qui ressemble à la scintillation des fixes, et qu’il appelle scintillation du Soleil; il se persuade que cette scintillation serait beaucoup plus grande pour un habitant de Saturne, qui verrait le Soleil bien plus petit. Cet effet lui parut beaucoup plus sensible quand il re- gardait le Soleil par un cornet de papier, en plaçant l’œil à la petite ouverture ; de celte manière, il vit dans le disque solaire une agitation semblable à celle de l’or en fusion et tout-à-fait différente de l’ébullilion de l’eau, puisque la surface reste toujours unie. Le second mouvement s’observait à l’extrême circonférence; il l’ap- pelle ondulation et l’attribue à l’air. Ce qui lui paraît plus étonnant, c’est l’inégalité dans la marche du rayon,, qui tantôt paraît s’arrêter et s’avance ensuite vers l’orient par sauts ou par saccades : on l’observe également dans les taches. Il estime que ce saut n’est pas la deux-centième partie du diamètre solaire; il n’est pas éloigné de croire que ce mouvement est dû à la rotation de la Terre. Cependant, si ce mouvement était celui de la Terre, il se remarquerait aussi dans le rayon lunaire, quoique l’observation en soit plus difficile ; or, on ne remarque rien de pareil dans la Lune; il appartient donc au Soleil. Au reste, en rapportant ces observations, il n’a d’autre but que d’attirer l’attention des astronomes sur des phénomènes qui n’ont point encore été observés. Nous avons rapporté ces expériences dans les propres termes de l’au- teur, pour qu’on puisse se faire une idée plus exacte de la manière de voir et de raisonner de Marius. Passons à son Monde jovial.