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2 ASTRONOMIE MODERNE.

inlercahilionsy apportèrent quelques embarras jusqu’alors inconnus; mais la simplicité et l’uniformité de ces intercalalions allégeaient du moins ces inconvéniens, qui n’étaient pas bien graves eu eux-mêmes. Ils furent augmentés considérablement par la réformation grégorienne, qui supprimant trois intercalations en quatre siècles, compliquait la règle, et rendait ainsi les Tables moins simples et moins commodes. C’était donc par des raisons étrangères à la science, que quelques astronomes sollicitaient un changement qui aurait du bien plu’ôt les contrarier. Il était pourtant réclamé de toutes parts, pour des motifs qui ont aujourd’hui beaucoup perdu de leur importance. L’Église avait le droit (et Clavius en convient lui-même, page 59) de rendre immobile la fête de Pâques; elle pouvait la fixer au i cr ouau 2 e dimanche d’avril; elle pouvait abandonner totalement l’année luni-solaire qui règle les fêtes mobiles, et s’en tenir au cours du Soleil qui règle les saisons. 11 est fort à regretter qu’elle n’ait pas pris un parti si simple et si raisonnable. Par un respect exagéré pour d’anciens usages établis dans des tems d’ignorance, on s’est jeté dans des difficultés inextricables, qui proviennent de ce qu’on a voulu concilier et combiner des périodes qui n’ont aucune commune mesure. Malgré tous les soins qu’on a pris, les peines que l’on s’est données, les avis qu’on a demandés à toutes les académies et à toutes les universités , nombre de savans réunis à Rome, par un travail de plus de dix ans, n’ont pu enfanter qu’un système ingénieux et plein d’adresse, il faut en convenir, mais excessivement compliqué, qui, pour être bien compris, exige l’attention la plus soutenue, qui n’approche du but qu’on s’était proposé, que dans certaines limites dont il a bien fallu se contenter, qui enfin a excité de nombreuses réclamations, qu’on voit se renouveler toutes les fois que le Calendrier manque trop essentiellement et trop ouvertement aux conditions qu’on s’était volontairement imposées. Le Concile de Nicée, en donnant des règles pour la célébration de la Pàque, avait supposé que l’équinoxe resterait invariablement fixé au 21 mars, où il se trouvait en l’an 525. On ignorait communément que l’année julienne était trop longue de 1 1’ et quelques secondes; cependant, avant la réformation julienne, Hipparque avait déjà prouvé que l’erreur de celle année était d’un jour sur trois cents ans. Dans le fait, Terreur était presque double, mais les pères du Concile n’avaient lu ni Hipparque, niPtolémée. On peut même soupçonner qu’ils n’ont pas mis à leur décision toute l’importance qu’on y a depuis attachée, car il n’existe véritablement aucun décret, aucun acte de ce Concile. Leur règle pour la