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Page:Delambre - Rapport historique sur les progrès des sciences mathématiques, 1810.djvu/159

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ASTRONOMIE.

la Terre à sa vraie place, montoit jusqu’à douze ; et Huyghens, qui avoit complété ce nombre, eut la foîblesse de prétendre démontrer qu’il étoit irrévocablement fixé. On a depuis découvert six satellites de plus à Saturne, six à Uranus ; le nombre total étoit doublé, et personne ne prétendoit plus qu’il ne restoit rien à découvrir. Cependant Kepler même, qui vouloit borner à sept le nombre des planètes, avoit été conduit à soupçonner l’existence de deux planètes, l’une entre Mars et Jupiter, l’autre entre Mercure et Vénus. Celle que M. Herschel découvrit en 1781, ne remplissoit ni l’un ni l’autre de ces vides ; car eile se trouve placée tout-à-fait à l’extrémité du système, ou du moins de la partie que nous connoissons.

Cette planète avoit été observée six fois, en différens temps, comme simple étoile fixe ; et l’on conçoit, en effet, qu’un astre qui met quatre-vingt-deux ans à faire le tour du ciel, ne peut avoir en quelques jours qu’un mouvement presque imperceptible. Ce ne fut pas même ce mouvement qui la fit connoître. M. Herschel, aidé du grand pouvoir ampiificatif de ses télescopes, en faisant la revue du ciel pour y noter tout ce qui auroit une apparence un peu extraordinaire, aperçut aux pieds des Gémeaux un astre d’une lumière foible, et qui dans nos lunettes ne lui auroit semblé qu’une étoile de cinquième ou sixième grandeur, mais auquel il reconnut un disque rond, bien terminé ; ce qui est un des caractères distinctifs d’une planète. M. Herschel suivit assidûment son nouvel astre, pour mesurer ce diamètre ; le mouvement, quelque lent qu’il fût, ne put échapper à cet examen attentif : mais on étoit si loin de supposer la possibilité d’une planète inconnue,