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Page:Delambre - Rapport historique sur les progrès des sciences mathématiques, 1810.djvu/56

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SCIENCES MATHÉMATIQUES.

géométrie qu’il a formée en corps de doctrine. Descartes avoit déjà indiqué le moyen de représenter les surfaces par des équations à trois indéterminées ; Herman avoit fait quelques applications de cette heureuse idée, à laquelle Clairaut, presque au sortir de l’enfance, ajouta des développemens utiles. Euler, dont l’étonnante activité a fertilisé dans toute son étendue le vaste champ des mathématiques, n’a pas négligé la théorie algébrique des surfaces ; il en a déterminé les rayons de courbure, les maxima, les minima : mais, quelqu’élégante que fût son analyse, elle ne présentoit pas encore cette symétrie qui place à-la-fois sous les yeux et dans le souvenir les plus grandes formules, à laquelle MM. Lagrange et Monge ont depuis accoutumé les géomètres ; symétrie qui a familiarisé les élèves avec des calculs que, sans ce secours, ils eussent regardés comme impraticables : sur-tout elle ne reposoit pas sur ces considérations fines qui, prenant dans le sujet ce qu’il y a de plus général et de plus simple en même temps, offrent le moyen d’attaquer la question à son origine, dispensent par conséquent de s’aider de constructions, et font prévoir, dès le commencement, la marche uniforme que prendra la solution. Les écrits dans lesquels M. Monge a fait connoître ses principales recherches sur l’application de l’analyse à la géométrie des plans et des surfaces, sont bien antérieurs à l’époque de 1789 ; mais il leur donna plus de développemens et les enrichit beaucoup lorsqu’il les destina à l’enseignement de l’École polytechnique. Ce n’est pas ici la seule occasion que nous aurons de parler des progrès que cet établissement a fait faire aux sciences : c’est le propre de toutes les institutions conçues par des

hommes