Aller au contenu

Page:Delambre - Rapport historique sur les progrès des sciences mathématiques, 1810.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
48
SCIENCES MATHÉMATIQUES.

cette mesure jusqu’aux Baléares ; il réclama hautement la préférence pour l’exécution de son plan, dès qu’il le sut accepté par un Gouvernement ami des arts. Il y périt victime de son zèle, lorsque toutes les difficultés paroissoient aplanies, lorsque les deux Gouvernemens, qui étoient en guerre au temps de ses premières opérations, agissoient de concert pour favoriser la seconde. Son exemple n’a pu retenir deux jeunes astronomes pleins d’ardeur, qui travaillent maintenant dans la petite île de Formentera, la plus australe des Baléares, à terminer l’ouvrage que Méchain a laissé imparfait. Déjà ils ont réalisé et surpassé ses espérances : les triangles conduits par cet astronome jusqu’à Tortose s’étendent aujourd’hui jusqu’à Formentera ; deux triangles, tels qu’on n’en avoit encore mesuré aucun, joignent Iviça et Formentera aux côtes du royaume de Valence. Il ne reste plus à faire que ce qui n’exige que de la patience, de l’adresse, et des connoissances astronomiques et géométriques ; et c’est dire que le succès est assuré. La situation plus calme des esprits permet maintenant d’employer les signaux de feux dont on avoit tenté, mais vainement, l’usage pendant la révolution. Ces moyens, en augmentant la fatigue des observateurs, donnent plus de certitude aux observations : un réverbère rend visible le centre d’une station, il en fait en quelque sorte un point mathématique ; au lieu que les tours, les clochers et les signaux de jour, par leurs masses, leur figure, et la manière oblique et îrrégulière dont ils sont éclairés, auroient à chaque instant induit l’astronome en erreur, si, à force de patience, de dextérité, il ne fût parvenu à s’affranchir de ces illusions, en les éludant, ou en les soumettant au calcul.

Déjà,