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Comme tout le monde

— Seuls ?… balbutia-t-elle comme en rêve. Pourquoi seuls ?… Et d’abord comment voulez-vous que je fasse ?…

— Écoutez !… dit-il très vite, comme si des paroles longtemps contenues se précipitaient enfin sur ses lèvres, écoutez ! La marquise part dans deux jours pour Paris avec son fils et les gouvernantes. Moi je reste seul au château. Je… J’ai dans le fond du parc, un petit pavillon où je fais quelquefois du modelage… On peut y entrer par une barrière spéciale sans être obligé de passer par la grande grille… Pas de concierge… Pas de cloche… Comprenez-vous ?… Personne ne vous verra.

— Oh !… dit Isabelle en dégageant vivement son bras.

Elle venait de sentir l’adultère passer. Une vive rougeur parut à ses joues, monta jusqu’à la racine de ses cheveux, et, de nouveau, ses yeux de petite fille s’affolèrent sous ceux du marquis.

Ils s’étaient arrêtés de marcher.

— Vous voulez ?… insista-t-il câlinement.

Mais il vit, au regard de biche qu’elle jetait autour d’elle, que la petite femme, au lieu de répondre, allait s’enfuir à toutes jambes du côté de la bonne, des enfants, de la voiture ; et vite il essaya de réparer la bêtise qu’il venait de faire, de réapprivoiser l’effarouchée par un mot plus rassurant.