Page:Delarue-Madrus - Comme tout le monde.djvu/139

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
127
Comme tout le monde

me vois forcée de le considérer comme mon ennemi… En somme, c’est lui qui me force à mentir. Ce sont toujours les autres qui vous forcent à mentir. Ils ne veulent pas de la vérité. Et nous, il nous faut la vérité !…

Isabelle aime le marquis, et cela, qui est sa vérité, se tourne en mensonge dès qu’elle considère le bon droit de son mari. Elle ne peut pas lui dire, à ce mari, qu’elle en aime un autre que lui. Alors, même si elle ne le trompe pas, si elle s’arrête sur le bord de l’adultère, elle a, dans son cœur, un secret qu’elle cache. Donc, elle ne dit pas toute la vérité ; donc, elle ment.

… Une poussée d’indignation soulève dans l’ombre Isabelle, l’assied, véhémente, sur son lit. Elle ne peut analyser toutes ces choses ; elle les sent, et c’est pire. L’immoralité du mariage ne lui apparaît pas dans sa nette crudité. Mais elle devine qu’il y a maintenant quelque chose, dans sa vie, qui n’est pas bien, et que ce n’est point de sa faute à elle. Certes, ce n’est point non plus la faute de Léon. C’est donc la faute du mariage.


On marchait à pas de loup dans la maison. Sans doute l’heure du dîner était venue. La porte s’ou-