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Comme tout le monde

en retard, la turbulence des enfants. Isabelle, patiente d’abord, finit par retrouver ses nerfs. Les portes claquèrent, les pleurs jaillirent.

Était-ce donc pour cet injuste et discourtois personnage qu’Isabelle sacrifiait son bonheur et celui de son bien-aimé ? C’était trop stupide, vraiment ! N’eût-on pas dit que ce mari faisait exprès de se montrer dans ses plus mauvais moments afin de pousser sa femme à le tromper ? Ne sentait-il donc pas qu’on se sacrifiait pour lui ? L’imbécile ! Juste à l’instant où il triomphait de son rival, se faire voir dans toute sa laideur, dans toute sa médiocrité de petit bourgeois besogneux, mesquin, avec sa figure bête et colère à côté de laquelle on imaginait celle d’un seigneur grisonnant, plein de grâce et de noblesse !

Au bout de quatre jours de querelles, Isabelle comprend qu’elle ne pourra plus résister, que toutes ses résolutions vont s’effondrer, qu’elle va courir au pavillon se consoler, dans les bras du marquis, de la méchante humeur de l’avoué.

Elle essaie en désespérée de se raccrocher à quelque chose, retrouve des gestes véhéments pour embrasser Zozo qui s’essuie la joue, agacée ; pour pétrir dans ses mains folles le petit lion qui piaille de toutes ses forces, se débat afin de redescendre à terre, afin de courir, en chancelant sur ses pieds