laineux, vers sa sœur tyrannique qu’il préfère à tout le monde.
Isabelle cherche, cherche de toute son âme une raison de maintenir sa vertueuse volonté.
Alors, un soir, excédée des paroles désagréables de son mari, des cris de ses enfants, des travaux bas dont elle s’est fatiguée tout le jour, elle a cette inspiration :
« Il faut que j’aie un nouvel enfant ! »
Oui, neuf mois de malaises, un accouchement, puis ce printemps d’amour maternel qui, le jour de la naissance, éclatera dans son cœur, la joie de dorloter un vrai tout petit, un tout petit sans désillusions, un tout petit rien qu’à elle, c’est tout cela qui la sauvera d’elle-même. Et puis, cette tendresse si pure qu’elle aura pour le nouveau-né, ce sera comme une réparation de la tendresse défendue qui la tourmente et l’aveugle.
Cette idée mûrit vite en elle. Cette idée, c’était la délivrance.
— Léon… murmura-t-elle quand ils furent couchés.
Et la façon dont elle expliqua son désir fut détournée, ingénieuse et pleine de persuasion.