Page:Delarue-Madrus - Comme tout le monde.djvu/154

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
142
Comme tout le monde

se reportait avec violence sur l’embryon qui, dans quelques mois, serait un nouveau-né.


À Pâques, on apprit que les Taranne-Flossigny venaient, comme de coutume, passer huit jours dans leur château.

— Tu feras bien d’aller faire une visite à la marquise… dit Léon à table.

Mais Isabelle, saisie, dissimula par un accès de colère subite l’émotion qui l’étranglait.

— Tu es fou !… s’écria-t-elle. Quelle idée stupide !

Léon s’étonna, puis se fâcha, puis s’entêta. Isabelle, en une seconde, lui décocha toutes les choses désagréables qu’elle lui réservait pour les mauvais jours. Elle exagéra même jusqu’à la férocité. Ce fut une longue dispute, avec coups de poing sur la table et pleurs.

— Je te pardonne, finit par dire Léon, blême de colère, à cause de ton état. Tu n’es pas responsable.

Mais il ne céda point, et notre Isabelle fut forcée de mettre sa belle robe et d’aller au château.

Tout en marchant le long de la route, la peur de rencontrer le marquis la rendait pâle comme une morte. Elle redoutait de le revoir, surtout en cet