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Comme tout le monde

et timorées, une outrecuidance qu’elles ne retrouveront jamais plus tard.

C’est ainsi que la nature droite et précise de Zozo ne l’empêchait pas de se montrer coquette avec les garçons, jusqu’à l’effronterie, surtout avec le jeune Paul Chanduis, sa victime ordinaire.

Lui, dégingandé, couvert des boutons de l’adolescence, perdait tout aplomb devant sa camarade d’enfance devenue mademoiselle Chardier, jolie jeune fille arrogante et gaie, taquine, aussi, jusqu’à la cruauté.

Il y avait entre eux nombre de petits secrets ingénus, de bouderies, de récriminations, mais rien de plus. Car mademoiselle Zozo, trop franche, trop directe, n’avait pas suscité, parmi ses amies, ces confidences sur les choses cachées de la vie que se chuchotent entre elles les petites jeunes filles, tourmentées par l’éveil de la féminité : mademoiselle Zozo, malgré ses allures, était parfaitement innocente. Mais elle n’en connaissait pas moins, d’instinct, tous les manèges de son sexe ; et personne ne savait mieux qu’elle faire souffrir les petits messieurs de son âge, qui, naturellement, étaient tous amoureux d’elle.

Isabelle s’étonnait de voir grandir à son côté cette fille conquérante. Zozo devenait chaque jour plus fraîche, à mesure que le visage d’Isabelle se