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Comme tout le monde

consacrée a, pour elle, remplacé réflexions, revirements et remords.

Et l’enfant, en effet, s’est habitué. Ses lettres puériles et désespérées ont duré plus d’un an. Puis le cri de la tendresse torturée s’est tu graduellement.

Alors le petit potache, aux premières grandes vacances, a montré le visage le plus tranquille, le plus neutre, visage d’enfant indifférent, visage plus que jamais pareil à celui de son père.

Isabelle, soulagée, s’est vite replongée dans la contemplation de son petit Louis, celui qu’elle a nourri de son lait, celui qui porte le nom de l’Aimé, celui qu’elle a conçu dans l’angoisse de sa pauvre petite âme hésitante, si coupable et si vertueuse.

Elle attend, elle espère ; et tout ce qui lui reste de vie intérieure palpite. Le petit Louis n’est qu’un enfant de douze ans. Un jour il se révélera tel que sa mère, depuis sa naissance, l’a désiré : fils du rêve.

Si elle n’avait pas ce dernier espoir, qu’aurait-elle donc ? Rien n’est venu vers elle, depuis douze ans, que médiocrité. Rien n’a nourri son modeste appétit de joie.

Plus monotone, la vie de tous les jours ; plus fastidieuses, les besognes ménagères ; plus morne, le mari sans flamme, avoué grisonnant aux vestons désabusés. Ses tics, ses manies, ses colères se sont un peu plus accentués, ses qualités de jeune