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Page:Delarue-Madrus - Comme tout le monde.djvu/234

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Comme tout le monde

rhabillé, l’on servit à dîner aux deux garçons. Mais l’aîné ne mangea presque pas.

— Il boude… songeait Isabelle. Comme son père…

Cependant, quand ils furent couchés tous deux, comme elle montait un « lait de poule » au petit Louis elle voulut bien, avant de sortir de la chambre, embrasser son fils aîné sur le front. Il se laissa faire sans un mot, sans un geste. Décidément il n’y avait rien à tirer de ce garçon.

Or, le lendemain, le petit Louis n’était pas enrhumé, mais Léon, l’aîné, grelottait de fièvre et ne put se lever. Il fallut aller chercher Tisserand ; et lorsqu’il fut redescendu de la chambre, on apprit, de la bouche du docteur, que l’adolescent avait une pneumonie, c’est-à-dire cette chose terrifiante qu’on appelle, dans les familles, une « fluxion de poitrine ».

Quel coup de foudre dans la maison ! C’était la première fois qu’un des enfants se trouvait vraiment malade. Isabelle en fut secouée jusqu’au fond de son âme endormie d’ennui, cette âme fanée et comme poussiéreuse que la vie, à la longue, lui avait faite.

Pauvre petit Léon tant grondé la veille ! Une énergie inconnue dresse notre Isabelle en face du mal qui vient d’atteindre l’un des siens. Elle se sent