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Comme tout le monde

pleine de courage et d’une sorte de défi. Son dévouement de mère n’est-il pas là pour tout combattre ?

En une heure elle organise ses soins. Elle déclare qu’elle couchera dans la chambre du malade. Le petit Louis, pendant le temps que durera la maladie, dormira près de son père.

Autoritaire et précise, madame Chardier donne ses ordres ; et chacun sait qu’il faut lui obéir.

Tisserand avait dit : « Dans quelques jours nous aurons sans doute du mieux. » Peut-être avait-il ajouté mentalement : « Ou du pire… »

Les quelques jours passés, ce fut le pire qui vint. Tisserand hochait la tête. Isabelle, infirmière vaillante, mère presque souriante au chevet de son gars malade, comprit, au regard du docteur, que l’inquiétude entrait soudain dans la maison. Ce fut pour elle une stupeur, puis une révolte. Comment ?… Est-ce qu’il y avait quelque chose à craindre, maintenant, pour cet aîné si solide ?… Est-ce qu’il risquait vraiment de… Ce n’était pas possible !

Assise près du lit où le grand gosse s’agitait et haletait, elle se prenait à le dévisager avec avidité.

Menacé !… Quelle importance il prenait soudain à ses yeux, ce fils insignifiant auquel, malgré tous ses efforts, elle ne pouvait s’intéresser !

Chaque matin et chaque soir, quand entrait le