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Comme tout le monde

— Ah !… chère mâme !… C’est parce que… enfin… Je… J’ai quitté le salon de madame Chanduis… Vous n’y allez plus jamais, vous ?… Moi j’y vais tous les mercredis, mais de bonne heure, à cause de mon grand nettoyage à la maison… Mais enfin, aujourd’hui, je suis dans ce quartier-ci, parce que… à cause d’une bonne femme… Je vous la recommande, chère mâme ! La mère Plumecoq… oui… elle fait de la dentelle du Puy… admirable… et pas cher…

— Ah ?… fit Isabelle indifférente.

Pressée d’entrer au cimetière, elle laissa cette frivole femme, qu’elle n’aimait guère, continuer sa route.

Parmi les tombes, elle se retrouva chez elle. Un instant interrompue dans sa tristesse, elle sentait affluer à son cœur la chaleur de cette tristesse ivre, ensauvagée.

En rentrant du cimetière, elle alla droit à l’étude. Elle avait eu, tout en pleurant sur la tombe, une inspiration subite : « Je veux, quand je serai morte, être enterrée tout à côté de mon petit lion. J’achèterai le terrain dès maintenant pour qu’on ne prenne pas ma place. Je vais tout de suite dire à Léon qu’il s’occupe de cela. »

Dès l’entrée de l’étude, elle se heurta au saute-ruisseau :