toilette et son mari en redingote, arpenter les rues. Ils vont aujourd’hui chez madame Chanduis, la femme du notaire, ou, comme on dit en province, chez madame Chanduis-notaire.
Cette dame est une dame très importante. Isabelle a mis sa robe grise des grandes occasions, qu’elle relève avec soin sur un jupon de soie. Ses belles bottines à bout verni lui font un peu mal aux pieds, son corset à la mode l’opprime, mais surtout elle subit le supplice de son chapeau à plumes qu’elle n’a pas encore appris à bien équilibrer sur son chignon, et qu’elle essaie de temps à autre de remettre à sa place par des petits coups de tête prudents. Alors elle sent toutes ses épingles à cheveux flageoler, puis fourmiller à travers sa coiffure. Sa voilette à pois se colle sur son nez un peu poudré qui, tout à l’heure, finira par reluire.
Isabelle se sent mal à l’aise dans ces effets neufs qu’elle ne connaît guère, allant chez des gens qu’elle ne connaît pas du tout. Elle soupire en marchant, elle a chaud… Mais tout son être se guinde dans le sentiment de la visite qu’elle va faire, et, plein de cérémonie, oublie de sentir la gêne.
… Parmi les dames assises en rond dans le salon de madame Chanduis, elle en reconnut quelques-unes qu’elle avait déjà visitées à leur jour. Plusieurs d’entre elles, les yeux baissés, brodaient ou fai-