Page:Delarue-Madrus - La Figure de proue.djvu/233

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Passionnément

Je garde la mémoire ainsi qu’une blessure
De cet enfant Kabyle avec qui j’ai parlé.
Ce n’est pas pour son corps couleur de datte mûre
Dans sa robe de pâtre au geste immaculé ;

C’est parce que son masque immobile de cuivre
S’est improbablement et doublement fendu
Pour deux pâles iris où le cœur éperdu
Se noie, et sans lesquels on ne saurait plus vivre.

Ses pieds sont nus. Sa tête est chaude de plis blancs.
Il a contre une joue un seul pendant d’oreilles,
Un tatouage au front. Et, douce sur ses dents,
Sa bouche violette est un muscat des treilles,


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