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Page:Delarue-Mardrus - Horizons, 1904.djvu/103

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LE SONGE D’UN SOIR ROUGE


À Armande de Polignac-Chabannes.


Si le soleil pesant se couche quelque part
À travers des pins droits qui pleurent leur résine,
Moi, ce soir, je ne vois qu’à travers des usines
S’allumer le brandon de ce rouge départ.

J’ai rencontré, tombé dans l’herbe sèche et dure
Des talus de Paris, un homme pâle et mol
Écartelé par un sommeil au vitriol,
Qu’auréolait de noir une casquette obscure.

Il dormait. Ce couchant était autour de lui
Comme la mer de sang de quelque coup de lance
À son côté ; des bras en croix la Souvenance
Montait. Et sur la ville il faisait déjà nuit.