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Page:Delarue-Mardrus - Horizons, 1904.djvu/104

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Ecce Homo !… Sur son sommeil, la pourpre brève
De l’heure déploiera son émerveillement.
Il verra l’incendie et le sang de son rêve,
Et ce sera la vérité pour un moment.

Car le leurre ancien s’est tu faute d’apôtres
Et nulle douce voix n’apaise plus les cris.
On avait dit : « Il faut s’aimer les uns les autres. »
Mais cela n’a pas pris… Mais cela n’a pas pris !…

Les ongles et les dents ont repoussé sans peine.
Il est temps de manger, pauvres gens ! Mangez-nous !
Réveille-toi ! Debout, homme en croix, Christ de haine !
Il est temps de traîner le monde à tes genoux.

Les Révolutions fermentent dans la cuve ;
Chaque porte fermée attend l’effort des poings.
Le vent du soir apporte un pathétique effluve :
Débordant l’horizon, Paris déferle au loin.

Que les soifs et les faims courent à la curée !
Cette nuit est la nuit du grand leurre du sang !
Les pavés qu’on oublie attendent la marée
Écarlate, pour boire au flot envahissant.