Page:Delarue-Mardrus - Horizons, 1904.djvu/36

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Par des après-midi de printemps vigoureux,
Quand les aubépiniers attendent qu’on les cueille,
Nous irons doucement par les verts chemins creux
Où l’on se croit roulé dans une immense feuille.

L’été, nous rêverons, quand la nuit sent le foin.
Nous aimerons aussi les craquantes automnes,
Et l’hiver étendu sur les prés monotones,
Quand l’énorme feu flambe et qu’on s’assied au coin.

Afin, quand nous mourrons, que notre corps s’enlise :
Au cœur du sol natal par la pluie arrosé,
Sous des pommiers, autour de la petite église,
Où dort profondément ma race au nez rusé,

Et qu’étant au milieu des femmes et des hommes
Qui vécurent tassés dans un même horizon,
Il tombe sur nous tous, selon chaque saison,
Les fleurs de ces pommiers, leurs feuilles ou leurs pommes.