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BERGES


Bien souvent nous courons, le soir, les mains aux poches,
Les guinguettes sentant la terre et le poisson,
Humides de baigner leur verdure au frisson
Incolore et luisant de la Seine tout proche.

Parmi les reflets tors et les chalands déteints,
Sur des couchants barrés d’usines et de branches,
Flânent, l’un après l’autre ou se tenant les hanches,
D’imberbes souteneurs et leurs pauvres catins.
 
Pour nous, à notre table, au clair d’une bougie
Où deux, trois papillons viennent brûler leurs vols,
Sous un berceau, dans un jardin de tournesols,
Nous nous taisons, contents de notre maigre orgie,