Page:Delarue-Mardrus - Horizons, 1904.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Elles ont le contour lisse des belles joues ;
Elles ont du soufre et de l’or.
Les rouges ont troué tout le vert du décor
De leurs impérieuses roues.

Les froides blanches vont mourir de pureté
En leur douceur de lingerie,
Mais la passionnée et pâle rose-thé
Embaume encore défleurie,

Et si la chaleur rend vineux
Le sang moins délicat des larges roses roses,
L’une d’elles va choir sans causes,
Lourde, au bout d’une tige où s’en balançaient deux…

— Toutes, nous vous prendrons en boutons ou vieillies,
Et nous presserons sur nos cœurs,
Inégales de taille, humides et cueillies,
Vos verdures et vos couleurs,

Roses, chair végétale ineffablement creuse
Pleine de sucre et de parfum,
Par qui, si vous comblez nos paumes amoureuses,
Nous oublions la vie et son sens importun !