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Page:Delarue-Mardrus - L’hermine passant, 1938.djvu/115

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l’hermine passant

va les emporter à travers la France « au hasard du caprice », a déclaré mon frère. Ainsi, se débarrassant de tout itinéraire, défend-il même aux pensées de la famille de le suivre dans sa course au bonheur. Enlèvement. Rapt. Effarante aventure pour la Quinteharde et, qui sait, pour Bertrande elle-même qui, d’une heure à l’autre, quitte une vie de noire et monotone contrainte pour connaître d’un seul coup toutes les nouveautés et toutes les douceurs.

Ses adieux aux siens, elle les a faits dans une sorte d’hallucination. Je l’ai regardée embrasser sa mère. Une joie presque mauvaise m’est venue de constater que nul mouvement du cœur ne la jetait dans les bras de celle-ci comme dans les miens tout à l’heure. Et pourtant, comme elle pleurait, la mère ! Le père, lui, ricanait nerveusement. Marie-Louise avait, dans ses yeux d’enfant, tout le fiel de l’envie,

Et Mlle Tuache ! Des tics parcouraient son vieux visage, découvraient ses dents impossibles, en dépit de l’effort qu’elle faisait pour rester calme.

— Adieu, mon enfant ! N’oubliez jamais