sion de s’être aventurée seule du côté d’un mystérieux danger. La pensée que Bertrande était sortie de là-dedans la souleva d’un soupir de délivrance qu’elle eut de la peine à dissimuler, tandis que tous l’entouraient, figures crispées par un contraint sourire d’accueil.
Leur première parole :
— Avez-vous des nouvelles ? Nous, nous n’en avons pas !
— Moi non plus ! s’empressa-t-elle.
Mais elle le disait sur un ton si gai que le gémissement unanime en fut coupé d’avance.
Cependant la gouvernante ne put pas ne pas déclarer :
— Si Bertrande oublie déjà ses plus simples devoirs, je me demande à quoi nous devons nous attendre par la suite !
Alors Marguerite comprit qu’on la rendait responsable de tous les désordres qu’allait avoir à se faire pardonner la brebis égarée.
En se mettant à table, elle jugea bon d’arrêter net ce flot de ténébreuse rancune, cette suspicion empoisonnée.