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l’hermine passant

— Après tout, lança-t-elle avec son plus beau geste de désinvolture, ces enfants n’ont plus le temps de penser ni à vous, ni à moi ! Vous oubliez qu’ils sont en voyage de noces !

Le piteux déjeuner qu’on lui faisait manger ne l’engageait guère à l’amabilité. Tout au contraire, taquine, diabolique, elle fit son possible pour scandaliser en douceur, donna des détails sur l’appartement qu’elle aménageait, sur la femme de chambre parfaite qu’elle avait trouvée pour sa petite belle-sœur, sur les toilettes qu’elle méditait de lui commander, sur les gâteries dont elle allait l’entourer, sur les succès que la jeune femme aurait à Paris, sur les mondanités qui l’y attendaient.

— Belle comme elle l’est…

Non seulement le comte, mais toute la tablée ricanait. Marie-Louise pinçait la bouche pour empêcher l’explosion de son rire godiche. Belle, Bertrande ? Les gens de Paris sont décidément fous !

Sitôt levée de table, l’extravagante invitée annonça l’arrivée dans un instant du camion qui venait de Paris pour emporter