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Page:Delarue-Mardrus - L’hermine passant, 1938.djvu/23

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l’hermine passant

venait de laisser échapper un ricanement d’une ironie telle, que nous pouvions nous demander de qui cet homme se moquait. Mais le regard dont il enveloppait celle qui lui tournait le dos ne pouvait laisser aucun doute. D’ailleurs la demoiselle chauve fit volte-face, comme piquée par un serpent.

— Riez toujours ! Vous…

Elle s’arrêta net, revint de notre côté, montra ses dents rigolotes, salua du buste en murmurant : « Eh bien !… Eh bien !… » acheva de reprendre ses esprits et demanda de l’air le plus cérémonieux :

— Voulez-vous voir le pastel ?

— Mais certainement ! s’écria mon frère avec un ton d’homme qui n’a pas de temps à perdre.

Il allait se lever. Je le retins d’un geste à peine perceptible.

— Pardon, mademoiselle !

Il fallait bien m’adresser à elle, puisque le maître de la maison restait muet.

— Pardon, mademoiselle ! Mais vous nous avez écrit que ce pastel ne pouvait pas ne pas retourner entre nos mains, nous qui sommes la branche aînée. Voulez-vous nous