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Page:Delarue-Mardrus - L’hermine passant, 1938.djvu/24

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l’hermine passant

expliquer comment il se fait qu’il soit présentement ici, en Mayenne, au lieu d’être resté où il aurait dû rester ?

Mlle de Bocquensé, je le vois, a plus de patience que Monsieur son frère !… remarqua-t-elle sans chercher à réprimer sa rancune. J’ai tous les documents, et je peux vous les soumettre à l’instant. En bref, vous le devinez, c’est un des coups de la Révolution. Mais je vais apporter les papiers, et…

— Voyons le pastel d’abord !

Ça, c’était Édouard, naturellement.

Il fallait bien me lever avec lui. Je ne détestais pas de changer de place. Ce salon sans feu, par un printemps si plein d’aigreur, et le relent qui y régnait m’avaient déjà glacée. On se rendait tout de suite compte que personne n’y entrait jamais. Son ensemble hétéroclite, ses rideaux de peluche déteinte, parmi deux ou trois beaux meubles, ses têtières au crochet, le piano démodé, la pendule sous globe, le cor de chasse, la tête de sanglier, les honneurs du pied pendus aux murs, les tableaux couleur de chocolat, la bergère de tapisserie, ouvrage d’une grand’mère du second Empire, rien n’y manquait.