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Page:Delarue-Mardrus - L’hermine passant, 1938.djvu/25

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l’hermine passant

C’était le décor, assez émouvant tout de même, qu’on attendait de cette gentilhommière perdue au bout des chemins où nous avions failli nous enliser. La vue d’une vieille lampe à huile posée sur un guéridon ne me surprenait même pas. On l’avait laissée là, comme le reste, dans le sépulcre qu’était ce salon désaffecté.

— Si vous voulez passer… dit Mlle Tuache.

Le comte Thibault ne nous suivit pas. Il se désintéressait visiblement de nous et de l’affaire. En somme, nous n’avions pas encore entendu le son de sa voix.

Une arrière-salle à manger précédait la grande, et, sans qu’il fût possible de bien déterminer pourquoi, l’on sentait que la vie, là, palpitait quotidiennement. Les fluides humains se respirent par des sens auxquels nous ne donnons pas encore de nom, mais qui sont autrement subtils que les cinq officiels.

Je n’eus pas le loisir, en y entrant, de détailler la grande salle à manger. Une main sur la bouche, je venais de pousser un cri.

Le pastel était devant nous, immense de par ses dimensions, immense de par cette