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Page:Delarue-Mardrus - L’hermine passant, 1938.djvu/46

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l’hermine passant

Marguerite battit des mains.

— Tais-toi ! Je tiens l’idée de génie ! Nous allons apporter la mangeaison avec nous ! On rafle dans la ville tout ce qu’on y trouve de bon comme repas froid, et en route !

Deux collégiens n’auraient pas eu leur entrain. Les homards, les poulets, le pâté, les gâteaux et quatre bonnes bouteilles entassés dans le cabriolet, ils reprirent enfin la route, le vent du printemps dans la figure et le rire aux dents.

Édouard disait :

— Et s’ils nous mettent à la porte, nos chers cousins ?

Marguerite répondait :

— Pas de danger ! Ils seront trop heureux de nous revoir ! Tu penses bien que, pour se défaire du jour au lendemain de leur La Tour, c’est qu’ils sont dans la débine noire !

Midi. Le cœur battant, ils reconnurent le carrefour, la prairie, puis la silhouette du château de tous les temps, entre ses arbres sauvages ; et, devant la porte principale, plus épouvantés encore que la veille, les trois chiens de chasse aboyaient déjà.