Aller au contenu

Page:Delarue-Mardrus - L’hermine passant, 1938.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
53
l’hermine passant

Le mari, bref, mais essayant d’être cordial, ne la laisse pas finir sa phrase. S’adressant à Édouard :

— Mon cousin, notre simplicité ne doit guère cadrer avec vos habitudes. Mais puisque tel est votre désir.

Il s’efface courtoisement devant moi.

— Ma cousine, veuillez prendre ma droite, et vous, mon cousin, celle de Mme de Bocquensé.

Les yeux faux de la plus jeune des filles, essayant de cacher l’ardeur de ses douze ou treize ans, dévoraient d’avance les bonnes choses que le domestique, sur un ordre muet de la comtesse, disposait, Dieu me pardonne, dans des plats d’argent vivement tirés du buffet.

Un peu confuse, la comtesse :

— Mais que de choses !

Le ricanement de l’autre :

— C’est un banquet !

— Marie-Louise, dit la gouvernante, placez-vous près de votre cousin, et vous, Bertrande, près de votre cousine, si elle le permet.

Je réponds par un sourire sincèrement