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Page:Delarue-Mardrus - L’hermine passant, 1938.djvu/56

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l’hermine passant

— Ah oui ? fait Édouard avec un regard épouvanté vers les deux petites.

Mais elles n’ont pas levé les yeux.

Le comte, qui boit verres sur verres, jette à mon frère un clin d’œil presque complice.

— Mes filles sont imbattables sur le blasonnement !… déclare-t-il. Je ne vois pas trop où ça les conduira, mais…

Un vent de haine, à ces mots, a semblé devoir se déchaîner autour de la table. Les expressions du mari, de la femme et de la gouvernante, quelle comédie dramatique jouée en moins d’un quart de seconde ! Mais vivement, dominant sa rage, Mlle Tuache allonge, sur le ton le plus affable :

— Monsieur le marquis et sa sœur n’ont pas le temps, dans leur Paris, de s’attarder à ces vieilles sciences.

Et, tout à coup elle éclate, bien que ne buvant, elle, que de l’eau :

— Paris ! Les plaisirs ! Les frivolités !…

C’est moi qu’elle regarde, et avec impertinence, et s’adressant certainement à mon maquillage pourtant si discret. Je ne sais quel agacement me pousse. Les jésuites disent : « déconcerter l’adversaire ».