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Page:Delarue-Mardrus - L’hermine passant, 1938.djvu/66

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l’hermine passant

— Je veux dire ta crapulerie. Car, moi, je ne conduis tout ça que dans un autre but.

Avec le même visage tendu que sa sœur, il rectifia :

— Pourtant, quand on nous a dit le prix, c’est toi qui m’as rebattu les oreilles de « la bonne affaire ». Tu n’es donc pas plus honnête que moi.

— Ça, mon chéri, quand on tombe sur des poires, on serait bien bête de ne pas en profiter. Mais voilà le point : ce ne sont pas du tout des poires ; ce sont des gens traqués. Alors, toi, avec tes quarante-cinq mille, tu y es allé un peu fort !

— Peut-être. C’est comme ça qu’on s’y prend en affaires.

Après un kilomètre dévoré sans plus rien dire, à brûle-pourpoint, elle interrogea, le cœur serré par l’attente de quelque ironie :

— Qu’est-ce que tu en penses ?

Il ne demanda même pas de qui ou de quoi il était question.

— Elle est épatante !… répondit-il presque bas.

Marguerite de Bocquensé tressaillit. Un espoir alluma ses yeux.