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Page:Delarue-Mardrus - L’hermine passant, 1938.djvu/72

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l’hermine passant

dait qu’un signe pour se révéler presque un poète ? Car enfin il faut être presque un poète pour goûter le cachet d’austérité, de dignité d’une jeune fille pareille.

« J’aimais déjà mon frère de toute ma maternité de sœur aînée. Le voilà plus que jamais mon enfant. Vais-je vraiment avoir un jour le bonheur de le voir marié selon mes plus belles aspirations, d’avoir à mon côté la jeune alliée qui, mieux que je n’ai su le faire, le dégagera des matérialités contemporaines dans lesquelles il s’enfonce à plaisir pour le rendre à son vrai tempérament, lui qui se moquait si fort de ma passion pour un littérateur ?

« Tout arrive, décidément.

« Du reste, en y réfléchissant mieux, il y a dans son exaltation une bonne petite part de vanité. Comme il disait ça : « La gâter, l’habiller, la balader partout ! » Bien sûr, il serait fier de montrer sa perle rare. C’est humain. C’est naturel. Est-ce que je ne serais pas fière, moi aussi, de l’avoir avec moi dans tous les endroits où j’irais ? Car, pendant qu’Édouard serait à ses affaires, je devine qu’elle ne me quitterait guère. Quel plaisir