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Page:Delarue-Mardrus - L’hermine passant, 1938.djvu/73

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l’hermine passant

que de la mener chez les couturiers, les modistes, les joailliers, de la parer, de pousser son style, et puis de la présenter dans tous les salons, de la faire briller dans toutes les réceptions, dans toutes les premières !

« Ah ! que ce mariage se fasse !

« Elle n’aura qu’à être belle et particulière. Plus que jamais je dirigerai l’intérieur de mon frère. Je lui épargnerai à elle tout souci ménager, en même temps que je la guiderai dans cette vie de Paris qui commencera par l’ahurir, pauvre petite nonne laïque perdue dans son manoir noir, entre des parents périmés, une cadette chafouine, des domestiques atroces et cet épouvantail de gouvernante qui les mène tous à la baguette, sans parler du frère invisible dont les histoires doivent être encore quelque chose de gai.

« Je croyais la vie finie, après les cendres de l’amour refroidies dans mon cœur. Voilà qu’elle recommence, peut-être. Un intérêt palpitant s’annonce pour la seconde partie de mon existence. Le jour se lève de nouveau, le couchant redevient l’aurore. Je crois y être déjà. Passées les premières années de leur grand égoïsme d’amoureux, quand mes