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Page:Delarue-Mardrus - L’hermine passant, 1938.djvu/74

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l’hermine passant

enfants auront à leur tour des enfants, je recommencerai de plus belle les joies de la tendresse puisqu’une fois de plus, toute vieille que je serai, ces petits me seront confiés, moi l’instrument de tant de bonheur.

« Comme elle va m’aimer, Bertrande ! Je serai son conseil, sa confidente, son indispensable. Et dire qu’elle ne se doute pas de ce que le destin prépare pour elle ! Chère petite ! Il me semble qu’elle doit rêver en ce moment à mon frère comme au prince charmant, elle qui n’a certainement jamais vu d’autres hommes que son père, son frère et des paysans. Édouard est assez beau pour émouvoir l’imagination de n’importe quelle jeune fille. J’en sais quelque chose avec toutes celles qui le guettent ; et je connais pas mal de femmes mariées amoureuses de lui. Son titre, par-dessus le marché, bien qu’il fasse semblant de le dédaigner, n’est pas pour déplaire à Bertrande. Il lui ira bien. Une vraie petite marquise de légende. Et, pour l’orgueil démodé des parents, quelle aubaine ! Eux aussi feront un beau rêve.

« Allons ! Mlle Tuache, avec sa lettre, a sans doute, sans le vouloir, le vieux serpent,