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Page:Delarue-Mardrus - L’hermine passant, 1938.djvu/87

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l’hermine passant

Nous le dîmes exactement ensemble :

— Quelle affaire !

Et, cette fois, nous n’avions pas envie de rire.

Au premier sous-bois qui parut, d’un commun accord nous décidâmes de nous arrêter et de manger tout simplement le déjeuner apporté dans la voiture. Et ce fut un pique-nique sans gaîté, malgré le joli soleil qui venait nous chercher.

— En somme, conclut Édouard, nous leur avons empoisonné leur réception.

— Tu as vu la tête des invités ?

— Mal. Mais ça n’avait pas l’air joli joli !

— Le plus affreux pour eux c’est, qu’une fois encore, ils se demandent s’ils vont nous revoir.

— Y retournons-nous ?

— Édouard ! Tu rêves ! Bien sûr, que nous y retournons, voyons !

Je ne savais pas devoir, pour le reste de mes jours, garder imprimée en moi l’expression de mon frère. Une sorte de superstition, eût-on dit, agrandissait ses yeux restés