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Page:Delarue-Mardrus - L’hermine passant, 1938.djvu/89

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l’hermine passant

Elle ajouta, mielleuse :

— Et tout le monde vous a regrettés.

Dans le couloir, le comte et la comtesse. Édouard coupa d’avance leurs fatigantes politesses.

— Nous apportons l’argent !

Pas un mot, pas un petit cri, pas un soupir. Mais, fluidiquement, je sentis le frisson qui passait.

— Allons à la bibliothèque !… proposa la gouvernante d’une voix aussi naturelle que possible. C’est là que nous serons le mieux.

Une image encore me reste, celle de M. de Bocquensé tenant dans sa main droite, d’un air embarrassé, honteux, comme enfantin, la liasse de billets qu’il évitait de regarder.

Édouard avait rajouté les cinq mille francs supprimés d’un mot une semaine plus tôt, geste qui rachetait un peu ses diverses attitudes précédentes et qu’un unanime sourire aux yeux de flamme venait d’accueillir.

— Veuillez compter, dit-il avec son ton impérieux, si spécial, mélange d’impertinence ancestrale et de muflisme moderne.

Un faible geste qui proteste, un échange de rapides regards, et, docile, l’homme s’exé-