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Page:Delarue-Mardrus - L’hermine passant, 1938.djvu/98

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l’hermine passant

La lueur qui flamba derrière les lunettes s’éteignit aussitôt.

— Eh bien ! Eh bien !… Voilà qui est tout à fait inattendu. Pour deux fois que M. le marquis voit sa cousine…

Son sourire gouailleur me fit peur. Je compris qu’à son tour elle allait jouer avec moi comme le chat avec la souris. J’étais allée trop vite. Il suffisait qu’elle eût, tout à l’heure, soupçonné ce que je lui révélais si brutalement. Mais le temps pressait après cet affreux déjeuner de fiançailles.

Mlle Tuache détournait maintenant les yeux, faisant semblant d’être gênée.

— C’est que, dit-elle, s’agirait-il d’une chose sérieuse, la vie de Paris ne serait pas celle qui conviendrait à notre Bertrande. Philippe de Tesnes est un campagnard, comme elle…

— Ce rouquin qui doit sentir le bouc ? Mais, mademoiselle, vous ne voyez pas que ce mariage est monstrueux ?

— Vous vous engagez dans les jugements téméraires, mademoiselle de Bocquensé ! Je connais Philippe depuis son bas âge, et, monsieur votre frère, je ne le connais pas.