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Page:Delarue-Mardrus - La mère et le fils,1925.djvu/113

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CHAPITRE XII


Q uand on arrive en tournée dans une ville, chacun se débrouille comme il peut pour le logement.

Ces paroles étaient celles de Mme Lénin.

Dans la débandade générale, à la descente du train, Irénée ne vit plus cette famille qui l’intéressait. Il eût voulu se trouver dans le même hôtel. En sortant de la gare, sa valise à la main, seul, il parcourut Bruxelles où le soir tombait.

Il chercha des rues modestes, et finit par être reçu dans un petit hôtel assez éloigné du cirque, car celui qui s’en trouvait proche était envahi déjà par la troupe J.-J.

— C’est là que loge Marie Lénin, sans doute, s’était-il dit.

Le visage de cette petite le poursuivait douloureusement. Il avait pitié d’elle comme d’un chien perdu livré à des bourreaux.

« J’en verrai d’autres qu’elle ! »… finit-il par se dire pour chasser l’obsession.

Car il voulait être un homme, un dur et solitaire vagabond, qui ne s’attendrit en route ni sur lui-même ni sur les autres.

Il parvint à se coucher sans pensée aucune, et s’endormit profondément dans son lit d’hôtel, après avoir recommandé qu’on le réveillât tôt, puisque la troupe avait rendez-vous le lendemain de très bonne heure au cirque.