Aller au contenu

Page:Delarue-Mardrus - La mère et le fils,1925.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
122
la mère et le fils

Ce fut dans une brasserie confortable et brune. Chacun était allé changer de vêtements, avant de se retrouver là.

— Voilà des bonbons pour mon élève !… dit Irénée avec un sourire de grand frère, en tendant la belle boîte acquise chez le confiseur.

C’était la première fois qu’une chose pareille lui arrivait. Marie Lénin, effarée, ne comprit pas tout de suite. Les parents se regardèrent, un peu inquiets. Mais, au dessert, comme la conversation devenait plus amicale à mesure que la bière faisait son effet :

— Écoutez-moi, chers amis. Si vous voulez, je lui apprendrai aussi à n’avoir plus peur à cheval. Mme Lénin monte certainement encore un peu. Mlle Germaine, elle, est un centaure. Si ça vous va, pendant ces quinze jours nous irons faire des promenades tous les quatre, la maman, les deux jeunes filles et moi. Ça détendra les chevaux, d’abord, et ensuite nous ferons de la bonne besogne, Mlle Marie et moi. Vous verrez ça ! Vous verrez ça !… Elle deviendra une écuyère de premier ordre !

Il tourna la tête, attiré. Dans le regard magnétisé de la petite martyre, il lut une obéissance, une confiance si éperdues qu’il lui fallut se dominer pour n’avoir pas les larmes aux yeux.