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Page:Delarue-Mardrus - La mère et le fils,1925.djvu/55

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la mère et le fils

— Elle avait cessé de me connaître !… répéta-t-il tristement.

Il passa la main sur ses yeux où brûlaient de nouvelles larmes, fit un effort, et poursuivit, à bout de questions :

— Racontez-moi ce que vous savez de la famille, mère Hortense, voulez-vous ?…

Elle ne cessa pas de lui tourner le dos, penchée sur la malade. Cependant, il comprit que cet esprit se refermait comme un cadenas à secret.

— Je ne sais rien de plus sur la famille que ce que monsieur connaît lui-même. Ces dames et ces messieurs n’avaient pas l’habitude de faire voir à tout le monde ce qui se passait entre eux.

— Il se passait des choses, tout de même, Hortense, hein ? Vous ne voulez pas dire tout ce que vous savez !

— Je vous répète que je ne sais rien, m’sieu Irénée. Je ne suis qu’une pauvre bonne. Les affaires de la famille ne me regardaient pas.

Il ouvrit la bouche pour parler, mais ne dit plus un mot. Il sentait l’ombre de ses oncles dans la maison. Ils étaient les maîtres, maintenant, et lui, plus que jamais, l’enfant terrible dont il fallait avant tout se méfier.

« C’est bien !… » murmura-t-il en se contenant. Puis il se leva.

— Le dîner de maman est fini. Je vais dîner à mon tour. Après, vous l’arrangerez, et je reviendrai coucher près d’elle, comme hier. Mais vous me mettrez par terre le matelas dont vous m’avez parlé.